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Reconfinement annoncé ce soir : entre colère et appel à la solidarité

D 28 octobre 2020    


28 octobre - Quoi qu’en dise le Président, il n’y a jamais de fatalité lorsque l’on dirige un pays, même avec un virus. C’est bien parce que tout n’a pas été fait, ou plutôt que rien de significatif n’a été fait pour éviter cette seconde vague, en France comme en Europe, que nous en sommes là aujourd’hui.

En avril, en plein confinement, avec mon groupe parlementaire nous avons présenté au gouvernement 75 mesures d’urgence pour résoudre durablement cette crise… Je l’ai relu, rien n’a été entendu… ou si peu…

Ce soir, je me fais le porte voix de l’incompréhension et de la colère des citoyens face à un pouvoir en échec. Et je suis dubitatif face à ce demi confinement.

Un pouvoir qui donne le sentiment d’improviser, de subir les événements sans tirer les leçons de ses erreurs passées.

Mais je me fais le porte voix également du devoir de protection et de solidarité. La santé d’abord parce que sans elle il n’y a plus rien.

Quoi que l’on pense des raisons qui nous ont conduit à subir ces restrictions ou de la manière dont ceux qui prétendent nous gouverner agissent, on ne doit prendre aucun risque avec la santé. La sienne comme celle d’autrui. Donc nous devons appliquer les consignes sanitaires.

Cela ne nous empêche nullement de nous exprimer et de peser pour que cette crise soit enfin derrière nous et débouche sur un autre monde qui saura enfin répondre aux urgences écologiques, sociales et démocratiques que nous affrontons. Masqués mais pas muselés !

Demain je m’exprimerai par mon vote à l’Assemblée, non pas après avoir été concerté sur les décisions à prendre, mais sur des décisions déjà prises et sans possibilité d’amendement, ce qui en dit long sur la manière dont agit ce Président et sa conception de la démocratie.

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Réécoutez la réaction de Jean-Paul Lecoq {HTML}
Reconfinement : les réactions politiques en Normandie {HTML}
Seine-Maritime. Covid-19 : "Tout n'a pas été fait", pour Jean-Paul Lecoq {HTML}
Avril 2020 - Gestion de crise : les mesures d’urgence réclamées par les Députés communistes :
http://www.jeanpaul-lecoq.fr/spip.php?article852

Quelques éléments de repère :

Notre système de santé...

• Entre 1993 et 2018, près de 100 000 lits ont été fermés, dont 83.000 en médecine, chirurgie et obstétrique, soit, pour cette seule catégorie, une baisse de 29 % en 25 ans, selon les calculs du géographe de la santé Emmanuel Vigneron.

• 4.200 lits d’hospitalisation complète ont été fermés en 2018.

• En 2018 nous ne comptions que 5.432 lits en réanimation. Début avril il y avait 7.000 patients Covid qui demandaient une hospitalisation immédiate… Aujourd’hui nous disposons de 5.800 lits alors qu’en juillet 4.000 lits supplémentaires avaient été promis.

• Des décennies que notre système de santé est rationné et dénaturé sous le coup des logiques libérales, de ceux qui ont cru pouvoir administrer l’hôpital comme on gère une entreprise privée.

• Des décennies que nous alertons : tour de France des hôpitaux dès le début de mon mandat / grèves, mouvements des personnels hospitaliers et ceux du secteur médico-social EHPAD notamment / démissions de médecins, de personnels des hôpitaux / crise des vocations parce que les métiers sont maltraités…

• Des décennies qu’ils n’entendent rien : fermeture massive de lits, application de la T2A qui fait de la santé un marché comme les autres...

• Notre système de santé était le meilleur du monde, il est aujourd’hui aussi affaibli que ceux des autres pays occidentaux. Parce que les logiques sont les mêmes en Europe depuis trop longtemps.

• Sans doute que s’il était toujours le meilleur, nous vivrions en France une situation différente de celle de nos voisins !

• Les personnels hospitaliers doivent disposer de tous les moyens nécessaires à l’exercice de leur mission et qu’on ne vienne pas les tracasser en chicanant sur le paiement de leurs heures supplémentaires, ou en leur demandant de reporter leurs temps de repos.

• Et les personnels hospitaliers sont épuisés et méritent plus qu’un soutien ou une prime.

La crise actuelle...

• Heureusement que la France n’était pas en guerre depuis le mois de mars, sinon aujourd’hui elle capitulerait.

• Le Président utilise un vocabulaire guerrier mais à quel moment a-t-il agi pour adapter l’économie et le système de santé à l’état de guerre sanitaire que cette crise impose ?

o Nationalisations d’entreprises concernées par l’approvisionnement de nos hôpitaux
o Campagnes de recrutement de personnels hospitaliers
o Revalorisation immédiate des rémunérations des personnels hospitaliers ET du secteur médico-sociaux (toujours pas concernés aujourd’hui par le Ségur)
o Déploiement d’un plan de formation massif en prévision d’une seconde vague.
o Mobilisation et embauches des secouristes
o Mobilisation plus rapide et efficace de la réserve sanitaire (professionnels de santé volontaires) pour renforcer les hôpitaux, qui a failli lors de la première vague
o Masques gratuits pour tous

• Ce Président et ses gouvernements décident seuls et naviguent à vue. Pas de concertation. Ils décident de tout, annoncent et concertent après…

Comme d’habitude ce Président a fait ses annonces ce soir et consulte le parlement demain… Il prend conseil comme un roi auprès de ses conseillers, mais il ne concerte pas…

Quant on entre en guerre on consulte le parlement et on s’appuit sur lui au lieu de lui marcher dessus. Même chose pour les corps intermédiaires.

Surtout lorsque l’on a été élu par 2 Français sur 10.

• Résultat : de la défiance, de la défiance et encore de la défiance alors qu’une guerre comme une crise se gagne sur la confiance.

• Les gens payent le prix fort de cette crise : c’est la TRIPLE PEINE

o menaces sur leur santé et celle de leur proche
o restrictions dans leur vie quotidienne, sociale, leurs projets, LEURS LIBERTES
o effets de la crise économique sur leur emploi, leur perspective d’emploi, leur pouvoir d’achat, leurs conditions de vie

• Sans compter les cadeaux du CICE et de la suppression de l’impôt sur la fortune, les actionnaires des grands groupes se sont partagés 34 Milliards de dividende pendant que les Français se confinaient. Et cette information nous est parvenue en cette rentrée où 100 Milliards d’argent public sont annoncés pour soutenir les entreprises.

• Alors oui il y a de l’incompréhension et de la colère. Et je la partage.

• La gestion gouvernementale de la crise ne suffit plus. Les collectivités locales sont en première ligne. La Communauté Urbaine du Havre Seine Métropole doit être en première ligne sur l’ensemble des besoins :
- mesures sanitaires
- soutien aux personnels de santé
- amortisseur de la crise économique

L’avenir...

On nous annonce un cataclysme pour ajouter de la peur à la peur, c’est aussi une manière de gouverner, la situation est il est vrai terrible sur le plan sanitaire, social et sociétal mais la France s’en relèvera.

Elle s’est relevée de toutes les guerres, même celles qu’elle a perdu.

Ce qu’il faut d’abord c’est permettre à notre système de santé de reprendre la main comme il a pu le faire pendant le confinement.

Parce que sans un retour à la normale on ne peut rien faire.

On ne peut pas jouer avec des vies.

Je refuse de voir demain des soignants être contraints de trier ceux qui peuvent être soignés et ceux qui doivent mourir.

Mais cette fois ne perdons pas la mémoire, rappelons nous demain matin ce qui nous a conduit à vivre ce cauchemar.

Plus jamais ça, c’est synonyme de plus jamais eux.

Ceux qui ont été encensés par certains comme des libérateurs en sortie de confinement sont les mêmes dont l’inaction nous conduit à nous reconfiner.