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Hommage au peuple Kanak et reconnaissance de l’exploitation dont il a été victime

D 21 septembre 2023    


21 septembre - Dans le cadre de la Journée mondiale de la Paix, j’ai tenu à être présent pour dévoiler le panneau historique dédié aux Kanaks sur le quai à leur nom situé entre les communes d’Harfleur et de Gonfreville l’Orcher.

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Le peuple Kanak en Nouvelle-Calédonie a été exploité par l’État français depuis la colonisation de cette grande ile du Pacifique. Il se bat encore aujourd’hui pour la reconnaissance des spoliations, de l’exploitation et des humiliations dont il a été victime. Cette cérémonie y contribue, car en face de ce quai, le quai Bellot a accueilli au XIXe siècle d’innombrables navires venus décharger du nickel issu de Nouvelle-Calédonie et du travail forcé imposé aux Kanaks.

Les Kanaks sont reconnus par le droit international comme un peuple qui a le droit à l’autodétermination, c’est-à-dire qu’il est reconnu comme un peuple à part entière qui peut choisir son avenir, en étant indépendant, ou en restant au sein de la République française.

Après des décennies de confrontation tendue, Paris a fini par accorder l’organisation d’un processus de décolonisation qui a démarré en 2018.

Trois référendums d’indépendance ont été prévus dans les accords :
– le premier devait se tenir fin 2018,
– puis un deuxième référendum devait se tenir dans les ans après le premier référendum.
– Et en cas de double rejet de l’indépendance aux deux premiers référendums, un certain nombre d’élus calédoniens pouvaient redemander un troisième référendum.

Les deux premiers référendums se sont tenus comme prévus en 2018 et en 2020, avec un score démontrant une forte dynamique pour l’indépendance : tout le monde s’attendait à un raz-de-marée contre l’indépendance, et finalement, les écarts entre rejet de l’indépendance et approbation de l’indépendance étaient faibles, et se sont encore resserrés lors du 2e référendum.

Craignant une victoire indépendantiste au 3e référendum, qui aurait lancé le processus de décolonisation, l’État a paniqué.

En 2019, Édouard Philippe, Premier ministre, avait promis qu’un 3e référendum ne serait pas organisé avant septembre 2022, histoire de laisser passer les élections présidentielles et législatives de 2022…

Mais finalement, l’État a décidé, seul, de fixer le 3e référendum au 12 décembre 2021, en pleine vague de Covid sur l’ile, ce qui a bouleversé le scrutin, et entrainé son boycott par les indépendantistes…

Résultat, après 35 ans de négociations depuis les accords de Matignon de 1988, la confiance est rompue, et la crédibilité de l’État est détruite.

Les réflexes coloniaux français de tricherie et de violence ont ressurgi très vite au point qu’en plus d’avoir fixé la date du 3e référendum sans en référer à personne alors que le consensus était une règle respectée jusque là ; l’État français s’est empressé de le valider pour empêcher que sa validité soit attaquée en justice.

Les relations sont donc en ce moment extrêmement tendues entre les Kanaks et l’État français.

J’ai pu rencontrer certains des dirigeants du Front de libération nationale kanak socialiste, le FLNKS la semaine dernière à Paris. Ils étaient à Paris pour participer à la reprise du dialogue avec les autorités françaises, et ils nous ont expliqué un peu les tenants et les aboutissants de ce dialogue.

Ils étaient furieux, car les nouvelles négociations ne semblent pas aller dans le bon sens, alors que le dernier référendum qui n’a pas été organisé de manière juste ne passe toujours pas.

Les Kanaks se sentent méprisés depuis toujours par l’État français et beaucoup veulent se séparer de la France. Il est important de les entendre et de les soutenir, cette lutte, qui se mêle à la lutte pour l’égalité, pour la justice et pour la paix est fondamentale.

Ce mépris est incarné aujourd’hui par Gérald Darmanin qui veut passer en force pour obtenir un accord d’ici quelques semaines, sans laisser le temps au dialogue, et sans chercher à regagner la confiance des indépendantistes. Il cherche à nouveau un rapport de force au risque d’embraser à nouveau l’ile…

Quand on voit aujourd’hui comment l’État français traite le sujet de la Nouvelle-Calédonie, il est clair que les indépendances apparaissent comme l’un des outils permettant à des peuples trop longtemps méprisés de récupérer leur avenir et de bâtir une société selon leurs priorités et pas selon la priorité d’une capitale qui est à 12 000 kilomètres.

Espérons que la lutte des Kanaks pour leur liberté soit victorieuse.