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Conférence sur la santé et la sécurité au travail

D 20 avril 2023    


20 avril - A l’invitation de la Ville de Gonfreville l’Orcher et de Philippe Saunier, auteur de l’ouvrage "Santé au travail et lutte des classes, vécu et analyse d’un ouvrier syndicaliste", je participe ce soir à la très utile et intéressante conférence débat consacrée à la santé et à la sécurité au travail.

Mon intervention :

"Bonjour à tous,

Et merci à Philippe pour « le cœur qu’il met dans son ouvrage ».

Je ne parle pas uniquement de son livre mais de l’ouvrage de sa vie militante au service des travailleurs et de leur santé.

Nous nous connaissons bien pour avoir longtemps cheminés ensemble sur cette zone industrielle, chacun à partir de nos domaines de responsabilité, mais très souvent dans des combats communs.

Nous aurons d’ailleurs l’occasion de prolonger cette présente conférence par une seconde organisée à l’Assemblée Nationale à l’invitation de mon camarade Pierre DHAREVILLE, Député des Bouches-du-Rhône, dont l’action en faveur de la santé au travail est bien connue.

Car pour éveiller les consciences, pour mobiliser sur ces questions essentielles car vitales, pour faire bouger les lignes, et pour contrer la petite musique officielle trop souvent jouée par les gouvernements et le patronat, nous avons besoin de multiplier les initiatives.

Non tout ne va pas bien, et dans ce domaine aussi, ce n’est pas le progrès mais la régression qui est en vigueur. On n’avance plus, on recule.

Le livre de Philippe l’illustre parfaitement. Il décortique les problématiques à partir de situations vécues et analysées. C’est un travail précieux de diagnostic. On doit s’en emparer.

Dans une période où certains voudraient nous faire croire que l’on peut travailler plus longtemps, voire même à perpétuité, sans conséquence sur notre santé, il est nécessaire de remettre les pendules à l’heure, et ce livre y contribue.

Le travail continue d’affecter la santé, d’exposer à des risques et de tuer.

Gérard Filoche rappelait récemment que le patronat ne vous donne pas de travail, d’ailleurs celui-ci ne donne jamais rien, il loue votre force de travail pour faire un maximum de profit dessus, ce n’est pas lui qui vous paie, c’est vous qui le payez.

Et j’ajouterai, qui le payez souvent au prix de votre santé.

Est-ce une fatalité ? Un risque inhérent à l’emploi dans certains métiers, certains secteurs ? Bien sûr que non, et notre histoire sociale est là pour nous l’enseigner.

Le travail, dès lors qu’il s’inscrit dans un cadre règlementé et régulé, contrôlé, peut et doit protéger le travailleur. Mais bien sûr, lorsque cadre est assoupli, lorsque la puissance publique considère que la relation professionnelle est avant tout une affaire privée, alors c’est la loi du plus puissant qui domine.

Et il n’y a plus qu’à s’en remettre à l’humanisme et à la bienveillance supposés ou espérés de ceux qui dirigent l’économie. Et alors bonjour les dégâts.

Du chlordécone à l’amiante, en passant par le charbon et le téflon on connait le résultat.

Et d’ailleurs sans même aller chercher ces scandales sanitaires, souvenons-nous simplement qu’aujourd’hui encore à 62 ans, très nombreux sont les salariés en maladie ou en invalidité.

Sans compter qu’à l’âge légal actuel de la retraite, 25% des hommes les plus pauvres sont déjà morts contre 5% des plus riches… (étude INSEE 2018).

Quant aux accidents du travail, ils demeurent plus nombreux en France, deux fois plus d’accidents mortels que l’Europe dans son ensemble, et deux fois plus d’accidents non mortels.

Par conséquent, la santé au travail doit demeurer une priorité de l’action publique, « quoi qu’il en coûte » sur le plan économique parce que la santé, la vie, ça n’a pas de prix et tellement de valeur.

C’est donc un combat qu’il faut mener sur tous les fronts. Celui de la législation et de la réglementation, celui de l’information et de la prévention, celui de la médecine et de la protection sociale. Celui aussi de la démocratie.

Car à l’évidence plus les salariés disposent de pouvoirs, plus ils sont à même de peser sur ce qui les concerne en premier lieu.

Ce n’est pas pour rien que les CE et les CHS ont été créé dans l’élan de la Libération et de ses lois progressistes, que les CHS sont devenus des CHSCT dans l’élan de la victoire de la Gauche de 1981, et ce n’est pas pour rien non plus que Macron avec son 1er Ministre Philippe a décidé de les affaiblir par leur dissolution dans des CSE très rapidement après son élection.

Un dernier mot si vous le voulez bien, sur un autre aspect qui rejoint cette nécessité pour les salariés et leurs organisations syndicales de disposer de prérogatives étendues dans l’entreprise, celui de l’exposition aux risques.

Je le dis souvent parce que je l’ai souvent vécu, les salariés sont les premiers et les meilleurs lanceurs d’alerte, car ils sont les premiers concernés par les risques technologiques et industrielles, comme par les pollutions générées par l’activité économique.

Vous avez peut-être vu cette série de reportages « Vert de Rage » produite et diffusée par France 3 qu’Alban vient de nous parler ?

On y voit notamment comment TOTAL génère par son activité des HAP.

Ces hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont des constituants naturels du charbon et du pétrole, ou qui proviennent de la combustion incomplète de matières organiques telles que les carburants, le bois, le tabac. Ils sont présents dans l’air, l’eau ou l’alimentation.

Personne n’y échappe, salariés comme riverains, sauf que, contrairement à d’autres pays tels que la Belgique, l’Allemagne et les Etats-Unis, la France n’a toujours pas classés ces HAP malgré le caractère cancérigène de certains.

Il n’existe donc aujourd’hui aucune classification, aucune procédure, aucune règlementation pour mesurer et encadrer les HAP. Au point que l’équipe de journalistes d’investigation a dû faire appel à un laboratoire belge pour l’aider dans ses analyses.

Mardi dernier j’ai interpellé à l’Assemblée le ministre sur cette question et, enfin, je pense que l’on va pouvoir compter sur une règlementation encadrant ces HAP.

D’où, sur toutes ces questions, l’importance de maintenir la mobilisation, la pression pour que la santé au travail retrouve un peu plus de force dans le débat public et que l’humain prime enfin sur la cupidité, pour servir le bien commun."