La grande famine de 1932-33 en Ukraine : génocide ou non ?

28 mars - L’Assemblée Nationale s’est prononcée sur une proposition de la majorité Présidentielle visant opportunément au regard de l’actualité, à reconnaitre la grande famine, appelée "Holodomor" de 1932-33 comme étant un génocide créé par le pouvoir soviétique.

Les députés communistes ont été les seuls à s’y opposer, parce que ce texte n’était tout simplement pas juste et pas bon.

1/ les parlementaires n’ont pas la légitimité des historiens pour juger des faits passés, surtout quand ils ne font pas consensus.

2/ Les parlementaires n’ont pas non plus la légitimité pour endosser le rôle des juges, notamment sur le sujet de « l’intention » de l’accusé, qui doit être démontrée dans le cadre d’un génocide.

3/ Les archives historiques démontrent l’absence de l’intention de Staline de commettre un génocide en tant que tel sur le peuple ukrainien, et en plus, le débat entre historiens n’est pas tranché sur ce sujet. Nous devrions donc nous abstenir d’entrer dans un débat scientifique d’une très grande complexité. Ce que les archives démontrent et qui fait absolument consensus, c’est que la famine a été gérée de manière inhumaine et criminelle par le pouvoir central.

4/ Si l’objectif n’est pas historique, c’est qu’il est politique. Or, les députés de mon groupe sont contre la politisation des enjeux de mémoire et d’histoire.

5/ Les députés de mon groupe sont contre l’idée de condamner des génocides à travers des résolutions parlementaires, car cela entraine une concurrence mémorielle entre toutes les victimes de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis depuis des décennies partout sur Terre.

6/ les enjeux diplomatiques d’un tel vote sont graves, puisqu’en pleine guerre entre l’Ukraine et la Russie, il vaut mieux ne pas jeter de l’huile sur le feu si l’on veut parvenir à une paix un jour.

Il est évident que ce débat était une sorte de piège politique visant à dire que si l’on est contre cette résolution, on est contre le peuple ukrainien ; et que si on est contre le peuple ukrainien, on est pour le pouvoir russe ; et que donc si on est pour le pouvoir russe, on est complice de ses crimes passés et présents.

Ces raisonnements que j’ai entendus largement hier pendant les débats prouvent qu’à travers ce texte, le choix était seulement celui de « pour » ou « contre » le Kremlin.

Nous avons refusé ce choix insidieux en voulant apporter de la nuance et de la réflexion au cœur d’un sujet qui le mérite très largement.

Pour regarder le débat en entier :