Jean-Paul Lecoq, la voix des gens d’ici à l’Assemblée Nationale   La voix des Gens d'ici
Vous êtes ici : Accueil » Actualités » Forum de l’Axe Seine aujourd’hui à Rouen

Forum de l’Axe Seine aujourd’hui à Rouen

D 11 octobre 2022    


11 octobre - Je tenais vraiment à être présent aujourd’hui pour ce forum, car tout ce qui peut contribuer à affermir une culture de l’axe Seine, mérite à mon humble avis la mobilisation de tous les acteurs des différents territoires sillonnés par le fleuve :

Décideurs économiques, élus locaux, départementaux, régionaux, nationaux, syndicats, associations, chercheurs et universitaires, et citoyens. Même si pour l’instant la dimension citoyenne n’est pas encore vraiment recherchée, je pense qu’il va falloir rapidement y venir !

Et cela renvoie directement au titre de la table ronde que j’ai co-animé : "La seine territoire d’industrie : Quelles sont les conditions d’acceptabilité d’une présence de l’industrie en bord de Seine ?".

L’acceptabilité requiert en effet d’associer les populations dont la vie quotidienne est directement liée à ce que l’on cherche à lui faire accepter.

C’est l’un des enseignements majeurs de ce que j’ai pu vivre et constater à travers de nombreux sujets. La réserve naturelle de l’Estuaire, la création de Port 2000, la définition du Plan de Prévention des Risques Technologiques de l’agglomération havraise, et j’en passe.

Et si je prends volontairement ces 3 exemples, c’est bien parce qu’a priori ils étaient porteurs de contradictions, d’injonctions contradictoires, quand il n’était pas par nature antagonistes les uns des autres.

Pourtant, parce que ce travail collectif a été conduit, dans la durée, ils ont abouti dans un consensus.

A l’inverse, quand le gouvernement veut créer un terminal méthanier flottant dans le port du Havre en se passant d’un débat public.

Quand il ferme d’autorité une centrale thermique en pleine conversion écologique, avant un an après de rouvrir une centrale à charbon pour faire face à la crise énergétique.

Ou quand il veut imposer au pas de charge, en octobre 2019, un Pacte de transition écologique de l’industrie dédié à la zone industrialo-portuaire du Havre, en le concoctant uniquement dans les cabinets ministériels, il engendre de la défiance, des clivages, des oppositions.

Résultat, pour ce dernier exemple, ce Pacte annoncé à grand renfort de communication par l’ancien ministre De Rugy est resté lettre morte. Le Comité de pilotage qu’il comportait ne s’étant jamais réuni.

Or, lorsque vous associez les gens, vous les respectez et vous leur donnez la possibilité non seulement d’être informés mais concernés. Vous leur permettez de comprendre, de s’exprimer et de peser sur les décisions.

Et, ce qui s’avère très utile pour pousser des projets : vous les mobilisez.

C’est exactement ce qu’ont réussi à faire depuis près de 20 ans, les acteurs économiques et politiques des Hauts-de-France avec des résultats édifiants.

Le Canal Seine-Nord qui était loin d’être gagné d’avance. Et plus près de nous, l’implantation d’une gygafactory pour la création de batteries électriques. Les 3 usines sont toutes implantées dans cette région. L’une d’elle était d’ailleurs en concurrence avec le projet normand poussé notamment par la Région Normandie et la Métropole rouennaise.

Cela m’a aussi permis d’évoquer l’autre aspect primordial qui me semble lié à cette notion d’acceptabilité : la transition écologique.

Si la crise COVID a mis en évidence ce qu’un certain nombre d’entre nous disons depuis des années, à savoir la nécessité de réindustrialiser, de relocaliser, de garantir l’indépendance de nos approvisionnements, une autre crise encore plus prégnante, la crise écologique, exige des mesures rapides pour que l’activité humaine ne se développe plus au détriment de l’environnement, du climat, et des ressources que notre planète est naturellement en mesure de nous offrir.

Je suis élu de la seconde zone industrielle et portuaire du pays sur laquelle 80 % des activités sont carbonées, voire hautement carbonées.

32.000 familles vivent actuellement de l’industrie et du port.

Mais c’est aussi sur ma circonscription que l’on déplore un taux de chômage supérieur aux moyennes.

C’est dire si l’enjeu de la transition écologique dans l’industrie et le portuaire nous impose de ne pas louper ce virage.

De longue date, des premières réponses ont été apportées à partir de la volonté commune aux acteurs de cette ZIP, de développer l’économie circulaire. De nombreux projets ont vu le jour, souvent précurseurs. D’autres sont en cours.

S’il est important de poursuivre dans cette voie, ce n’est évidemment pas suffisant.

Nous devons accompagner, tous ensemble, la décarbonation de nos activités afin de diminuer l’empreinte écologique, l’emprunt écologique, de notre territoire, de notre ZIP, de notre port.

Je demeure convaincu, en particulier dans le secteur maritime et portuaire, que l’empreinte écologique sera après-demain, peut-être même demain, un critère sélectif pour attirer ou refouler des activités et des trafics.

Un des critères majeurs, peut-être même le premier critère, d’attractivité et de développement.

Et cette décarbonation ne passe pas seulement par la modification des process de production et de leur approvisionnement. Même si c’est important.

Ou par l’implantation de filières vertueuses, ou plus vertueuses, comme celles liées aux énergies renouvelables, à l’hydrogène, au recyclage, à la déconstruction, navale par exemple.

Elle passe aussi par une réduction drastique des émissions dans le transport. Et là, nous avons du retard.

Le ferroviaire n’assure que 5% du trafic des conteneurs.

Le fluvial, c’est 10% du trafic contre 35% à Anvers ou Rotterdam.

Dans le cadre du débat public de Port 2000, l’objectif fixé était d’arriver rapidement à 20% de débouchés pour le ferroviaire et le fluvial. Port 2000 a été inauguré en 2006… Près de 20 ans plus tard nous en sommes loin.

Non seulement il va nous falloir très vite rattraper le retard, mais en plus répondre à un trafic global annoncé à la hausse.

D’abord parce que celui du Port du Havre nous y invite. Le trafic record de l’année 2021 devrait être égalé cette année avec une forte perspective du développement du conteneur dans les années à venir.

Les investissements déjà conclus et notamment les 700 Millions de MSC sur Port 2000 annoncés cet été entrainent une prévision de fort trafic.

Ensuite parce que différents projets logistiques sont eux aussi en développement. Les premiers coups de pioche du site GLP sur Gonfreville l’Orcher ne devraient plus tarder.

Il est inconcevable que ces différents éléments conduisent à une progression du trafic routier.

Plus que jamais priorité doit donc être donnée au développement du fluvial et du ferroviaire dans un calendrier contraint.

Et sans la mobilisation unanime que j’ai évoquée au début de mon propos, et sans une volonté forte de l’Etat, ce pari vital ne pourra pas être gagné.

Concernant le ferroviaire, le terminal multimodal qui après avoir failli sombrer parce que mal conçu, se porte bien désormais, et les travaux sur le tronçon Serqueux-Gisors permettent d’accroitre les convois.

Mais cela n’est pas suffisant.

Si le port se lance dans un gros chantier de rénovation et extension des infrastructures ferroviaires sur son domaine, l’Etat doit aussi agir sur le réseau national.

Actuellement par exemple il manque une plateforme combinée au nord de Paris ou à Orléans.

L’enjeu est donc bel et bien de doter le pays sous l’impulsion de l’Etat, d’un plan de développement du fret ferroviaire qui, en partie, doit s’éloigner du nœud constitué en Ile-de-France.

Je suis d’avis, dans ce cadre, de reprendre les études sur un franchissement ferroviaire de l’estuaire de la Seine pour faciliter les trafics frets sur l’arc Manche/Atlantique.

Et côté fluvial, si le projet de chatière entre les terminaux de Port 2000 et la Seine va améliorer les choses, là encore, l’Etat doit intervenir pour favoriser le trafic fluvial, le faire gagner en attractivité économique.

Pour toutes ces raisons, mais également parce que j’ai toujours considéré que l’économie ne pouvait jamais prospérer bien longtemps si elle était déconnectée de la vie des gens et des intérêts de leur nation, et au-delà de l’environnement, notre bien commun, j’en appelle à la mobilisation, dans le rassemblement.

Chacun dans son rôle, mais tous avec une même vision collective.

Etat, collectivités, entreprises et industries, associations, syndicats, citoyens... Parce qu’au-delà de nos spécificités, nous avons des intérêts communs.